Les cours d'école se mettent au vert

C'est l'objectif de la municipalité, qui a fait de la nature en ville un pilier majeur de sa politique.
Aux quatre coins de la commune, des projets sont initiés avec l'aide de Bordeaux Métropole pour "casser le bitume" et planter différentes strates, afin de permettre au végétal de réinvestir l'espace.

Parmi les projets emblématiques figure la déminéralisation des cours d’école. Pendant longtemps, celles-ci ont été recouvertes d’un enrobé noir, qui était alors jugé pratique d’un point de vue sanitaire et sécuritaire par la communauté éducative.

"Les enfants ne risquaient pas de se salir dans la terre, ni de ramener cette dernière dans les classes, et les risques de chute étaient plutôt limités" explique Emmanuel Magès, adjoint au Maire délégué aux écoles. Mais avec le réchauffement climatique, elles sont devenues de véritables îlots de chaleur, où les températures battent des records en été.

Dès 2017, ce sujet de préoccupation est abordé par le CESEL, Conseil Economique, social et environnemental local qui constitue un groupe de réflexion aboutissant au vote à l’unanimité d’une délibération en conseil municipal, le 12 février 2019.

"Concrètement, la seule solution est de revenir en arrière et de 'casser du bitume'." C’est ce qui a été entrepris à l’école élémentaire Joliot Curie, qui nécessitait une réfection. La déminéralisation y a été menée à titre expérimental, l’objectif étant ensuite de l’étendre aux autres écoles de la ville, à raison d’une par an.

Projet expérimental à l’école Joliot Curie

Afin de recenser les besoins et attentes de la communauté éducative, un important processus de concertation a été déployé : pendant six mois, des ateliers ont été mis en place avec les enfants, les enseignants, les parents d’élèves et le personnel municipal (animateurs et agents techniques). Deux projets ont été élaborés et soumis au vote. Le choix s’est porté sur la création d’îlots de fraîcheur tout autour du terrain de sport situé au cœur de la cour.

Afin de ne pas perturber la vie de l’école, les travaux, débutés en novembre 2021, ont été réalisés sur les temps de vacances scolaires et les mercredis.

30 % de la surface de la cour ont été cassés : l’enrobé a été supprimé à certains endroits, soulevé et stabilisé à d’autres selon le principe de rocaille urbaine ;(plantation de graines, d’arbres et d’arbustes dans les interstices), à d’autres encore, des dalles d’enrobés ont été posées à distance les unes des autres et jointes avec un mélange de terre et de pierre ensemencé à la manière de pas japonais.

Les pieds des arbres ont été libérés de l’enrobé qui les empêchait de respirer et agrémentés de plantes couvre-sol (lierre et pervenche). Des traverses en bois ont été installées tout autour pour protéger leurs systèmes racinaires et servir d’assises aux enfants. Le potager existant a été repris avec une jardinière principale.

Enfin, le terrain de sport central a été refait en totalité avec la pose d’un enrobé perméable permettant l’infiltration de l’eau, et dont la couleur claire limitera le réchauffement du sol.

21 arbres ont été plantés au total et un tiers de la surface de la cour est désormais perméable, ce qui devrait permettre de réduire de 1,6 à 1,9 degrés sa température moyenne (selon les estimations du cabinet d’études). "Pour autant, nous souhaitons attirer l’attention de la communauté éducative sur le fait que les effets attendus par ces travaux seront longs à se manifester, car la reconquête de l’espace par le végétal prend du temps" explique Emmanuel Magès.

Un certain nombre d’écueils ayant par ailleurs été constatés au cours de ce projet, des précautions seront prises pour ceux à venir. "Nous allons aussi devoir faire un travail de pédagogie. La déminéralisation des cours d’école a ses limites... Il n’est pas possible de les remplacer par des forêts !".

La déminéralisation de la cour de l'école Joliot Curie en chiffres :
• 21 arbres plantés (37 arbres au total).
• 970 m2 déminéralisés (1050 m2 de surfaces perméables au total, soit un tiers de la cour).
• 1,6 à 1,9 degrés en moins.

© Frédéric Delouvée

Concertation autour du réaménagement de la Place Bitaly

Très minérale, la place Bitaly fait l’objet d’un projet de réaménagement afin d’améliorer sa qualité paysagère et environnementale.

En octobre 2021, une première réunion d’expertise d’usage a été organisée par la Ville en présence d’une trentaine de personnes : riverains, boulistes-usagers de la place et syndicat de quartier. Chacun a pu faire part de ses remarques, contraintes et attentes : problèmes de sécurité, importance des arbres et du terrain de boule, manque de végétation, trottoirs peu esthétiques, souhait d’un point d’eau, etc.

En février dernier, les services de la Ville ont proposé deux scenarii d’aménagement aux usagers, le premier suggérant de structurer la place sur sa longueur, avec un espace de vie central et des mails arborés tout autour, le second préconisant la création de deux ambiances avec d’un côté un espace de vie, de l’autre un espace jardin. C’est ce deuxième scénario qui a été retenu.

L’étude technique actuellement en cours sera présentée aux habitants en septembre pour une livraison en 2023.

Végétalisation du centre-ville

Depuis plusieurs années maintenant, la Ville travaille à la végétalisation de son centre. Les importants travaux de voirie effectués rue de Châteaubriand, entre l’avenue Jean-Jaurès et la place du Cardinal, ont permis la plantation de pas moins de 47 arbres, 963 arbustes et 7200 vivaces. En hyper-centre, ce sont les quatre places (Droits de l’Homme, Ve République, Liberté-Samuel Paty et Goulinat) qui font actuellement l’objet d’un projet de déminéralisation. Là encore, une importante phase de concertation, menée entre avril et décembre 2021, a permis de recueillir les usages et attentes des habitants, des commerçants et des usagers, puis de leur présenter les objectifs et le planning du projet.

Lancée en janvier dernier avec la plantation d’un arbre totem sur la place de la Ve République, l’aménagement se poursuit avec la piétonnisation de la contre-allée entre l’avenue Pasteur et la rue des Poilus. Des bornes d’entrée escamotables ont été installées en entrée et en sortie afin de laisser l’accès aux commerçants, aux livreurs et au service de la collecte, et le sens de circulation a été inversé. Le mobilier urbain sera ensuite enlevé afin d’ouvrir l’espace.

Le parvis Charles de Gaulle a quant à lui été agrémenté d’une dizaine de jardinières de récupération. Courant mai, deux jardinières longitudinales réalisées en bois sur-mesure viendront créer une séparation entre le parking et les commerçants d’une part, entre la gare et le parking d’autre part. Ces dernières seront végétalisées avec 17 arbustes, plus de 650 vivaces donnant du volume et 2 arbres.