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L'art moderne en héritage
Publié le
Avec les peintres Sam Francis et Pierre Soulages pour parrains, l’avenir de Mánus Sweeney était tout tracé : il consacrerait sa vie à l’art moderne et contemporain ! Né au Japon d’un père professeur d’anglais et d’une mère diplomate, Mánus vit quelques années là-bas, puis entre Hawaii et les Îles Féroé, avant de s’établir à l’âge de huit ans avec ses parents et son frère à New-York, dans l’appartement de ses grands-parents.
« C’était un véritable musée. Une cinquantaine d’œuvres d’art y étaient exposées : des tableaux, des sculptures… même les couverts et les chaises étaient des œuvres d’art ! On pouvait regarder et poser des questions, mais interdiction de toucher » se souvient Mánus.
Le jeune homme passe alors des heures à déambuler dans l’appartement, suspendu aux lèvres de son grand-père, James Johnson Sweeney, critique d’art et premier directeur du Musée Guggenheim. Dans les années 20, au gré de ses voyages à Paris, celui-ci s’était lié d’amitié avec Miró, Calder, Léger, Duchamp…
« J’étais fasciné par ses explications sans fin. Il comprenait parfaitement ce que ces artistes, qu’il connaissait personnellement et dont il recevait régulièrement la visite, avaient voulu exprimer. »
Ce n’est qu’à l’université que Mánus réalise à quel point son grand-père est une référence dans le monde de l’art et qu’il est extrêmement privilégié d’avoir bénéficié de ses enseignements.
« La connaissance presque intime de ces grands artistes, qu’il m’a transmise, m’a appris à lire entre les lignes et à comprendre leurs intentions. »
Un atout considérable, que Mánus choisit de mettre au service de la collection Guggenheim à Venise, de la fondation Calder à Woodstock, puis de la galerie Maeght à Saint-Germain-des-Prés. Quand il décide de se lancer et d’ouvrir sa propre galerie à la Motte-Piquet-Grenelle, il est rattrapé par la conjoncture, alors extrêmement défavorable : les gilets jaunes, la grève des transports, puis le Covid ont raison de son affaire. En 2021, il quitte Paris avec femme et enfants pour s’établir dans le sud-ouest, une région que la famille affectionne. En plein cœur de Bordeaux, il ouvre une galerie qu’il baptise sobrement « Sweeney », en hommage à son grand-père. Là, il passe son temps à essayer de rendre l’art moderne plus accessible.
« Les gens ont peur d’entrer dans une galerie d’art, car ils pensent qu’il faut être très intelligent. Mais ce n’est pas du tout le cas. L’important, c’est la réaction provoquée par l’œuvre quand on la découvre. »
À ses heures perdues, Mánus joue au jeu de paume avec ses deux fils. Un sport découvert il y a 40 ans… aux côtés de Pierre Soulages !