À la tête depuis 1826 d'une usine de torréfaction de cacao rue Verte à Caudéran, les frères Vène ouvrent au 26 allées de Tourny à Bordeaux leur dernier magasin d'articles divers dits de Paris : bimbeloterie, boîtes cadeaux, parfumerie, fruits confits, sirops, confitures, dragées et chocolats.
Deux générations se succèdent avant que l'affaire ne soit transmise à Antoinette Badie en 1903. En 1939, Lucienne Cadiot la reprend et la fait prospérer avant de la céder dans les années 60. En 1996, c'est au tour de Serge Michaud d'en faire l'acquisition. "Je ne venais pas du tout du sérail, j'ai mis dix ans à apprendre le métier. Je travaille aujourd'hui avec 23 salariés, dont ma fille qui s'occupe de la communication. La grande majorité des employés se trouve sur le site de Pessac".
Devenu trop petit, le laboratoire des allées de Tourny a en effet été délocalisé à Pessac en 2005, où il a quadruplé de volume. "Nous avons 570 m² de locaux, dont 250 m² de laboratoire, ce qui en fait l'un des plus gros de la région. Nous y fabriquons 23 tonnes de chocolats chaque année, ce qui est considérable pour une PME. Et nous en avons profité pour ouvrir un magasin d'usine, qui représente aujourd'hui 40 % de notre chiffre d'affaires".
En 2019, un 3e magasin est ouvert à Gradignan. "Notre succès vient du fait que nous avons su garder un équilibre entre les vieilles recettes traditionnelles de Mme Cadiot, comme les pralinés et les guinettes bordelaises qui ont fait la renommée de la maison, et les nouvelles recettes".
Le diamant noir (raisin de Bordeaux macéré dans de l'alcool et entouré d'une truffe), les ganaches au gingembre, au cacao de Papouasie ou à la noix de coco font partie de la vingtaine de recettes créées par Serge Michaud. "En voyageant, les consommateurs découvrent de nouvelles saveurs, leurs goûts évoluent. Il est important que nos chocolats suivent ces tendances". Pour cela, Serge Michaud parcourt le monde et travaille avec deux entreprises françaises de torréfaction de fèves de cacao.
L'autre fierté de Serge Michaud, c'est la fidélité de son personnel. "Le climat social, c'est 80 % de la réussite d'une entreprise. Je suis un peu comme un chef d'orchestre qui travaille avec des solistes. Mon rôle est de créer les conditions pour que tout le monde joue la meilleure partition et adhère au projet de l'entreprise". Si Serge Michaud cherche aujourd'hui à s'agrandir, il entend bien le faire à Pessac. "L'emplacement est stratégique pour nous, il nous permet de rester proches de nos autres boutiques. Et nous voulons continuer à fabriquer localement".
Plus d'infos sur cadiot-badie.com
Fondée en 2010 par des chirurgiens cardiaques, des cardiologues électro-physiologistes et des experts de la MedTech, Fineheart développe des dispositifs médicaux destinés à traiter les maladies cardiovasculaires. Parmi elles, l'insuffisance cardiaque sévère, une maladie du muscle cardiaque, qui ne dispose plus de la puissance suffisante pour éjecter le sang vers l'aorte afin de le faire circuler dans l'organisme. "Cette maladie chronique dégénérative est un véritable enjeu de santé publique. Chaque année, 200 000 nouveaux patients atteints d'insuffisance cardiaque sévère ne sont pas traités dans les pays du G7. 70 000 patients, soit l'équivalent d'une ville de la taille de Pessac, meurent chaque année, car nous n'avons rien à leur proposer" explique Arnaud Mascarell, directeur général et co-fondateur.
Pour certains, la maladie peut être jugulée par des médicaments. Si l'origine de l'insuffisance cardiaque est électrique, un pacemaker peut être installé. Pour les deux tiers des patients dont l'espérance de vie est inférieure à un an, une greffe est nécessaire, mais peu sont éligibles et il n'y a pas assez de donneurs. Les patients se voient alors proposer la pose d'une pompe d'assistance cardiaque, placée parallèlement au cœur pour aspirer le sang à la pointe de ce dernier et l'envoyer dans l'aorte, selon un flux constant. Mais ce dispositif présente de nombreux inconvénients : il n'est plus possible de prendre le pouls du patient ni sa tension artérielle, les risques d'hémorragie et de thrombose s'accroissent, sans parler du risque d'infection, la pompe étant reliée à une batterie externe par un câble qui sort de la peau.
Baptisé "Icoms Flowmaker", le produit développé par Fineheart est une petite turbine de la taille de l'index, implantée à cœur battant par ouverture du thorax à la pointe du cœur. À l'image d'un vélo électrique, l'Icoms devient l'assistance électrique du cœur en accélérant le débit naturel de sang éjecté de façon synchronisée avec chaque contraction. Les prises de pouls et de tension sont possibles et le risque d'infection inexistant, le dispositif se rechargeant par voie transcutanée. Le produit, qui a fait l'objet de nombreux tests in vivo, devrait être implanté pour la première fois chez l'humain en fin d'année, démarrant le cycle des essais cliniques.
Installée depuis un an à Pessac dans des locaux de 900 m² qui abritent notamment une salle blanche pour l'assemblage final du dispositif en environnement contrôlé, Fineheart emploie 45 personnes, dont 38 travaillent à la conception, au développement et à l'assemblage du produit. "D'ici peu, il faudra que l'on s'agrandisse, pourquoi pas sur l'ancien site Thalès qui fait actuellement l'objet de travaux de réhabilitation. Il est important pour nous de rester dans les environs de Bordeaux, où se trouve l'un des meilleurs écosystèmes en cardiologie, reconnu mondialement".
Plus d'infos sur fineheart.fr
Rénover, sublimer et imaginer le mur de demain : tel est le leitmotiv de la société Aquilia, fondée en 1999. "Nous imaginons, fabriquons et commercialisons des produits de rénovation du mur pour les particuliers et les professionnels : toile non tissée, colle universelle, kits de pose, blancs de finition, etc." explique Stéphane Spraul, son président.
Aquilia aide aussi ses clients à créer un univers qui leur est propre grâce à une offre de produits de décoration des murs : décors muraux sur mesure, frises et papiers peints panoramiques. "Là, nos clients sont plutôt des professionnels : sièges sociaux d'entreprises, banques, collectivités, hôtels ou grandes marques de luxe, comme la maison Chanel. Mais nos produits se retrouvent aussi chez les particuliers qui s'approvisionnent en ligne chez des spécialistes de la décoration intérieure, comme Ananbo".
Enfin, Aquilia se challenge sans cesse afin d'imaginer les produits de demain. "Nous travaillons actuellement sur la digitalisation du mur et la diffusion de décorations immersives sur des panneaux leds. Nous avons déjà équipé quelques casinos Partouche avec ce produit, mais nous sommes encore en recherche et développement. Nous y consacrons 7 % de notre chiffre d'affaires".
Depuis mars 2020, Aquilia a installé sa vingtaine d'employés dans 2 500 m² de locaux flambants neufs. "Le site sur lequel nous nous sommes installés était vacant depuis une quinzaine d'années. Nous en avons conservé la charpente Gustave Eiffel, ainsi que les murs en parpaing qui ont été graffés par une soixantaine de professionnels".
100 % des produits commercialisés par Aquilia, soucieuse de l'environnement et de son impact écologique, sont issus de la filière recyclée, et 100 % des déchets qu'elle émet sont recyclés. La société a par ailleurs installé une toiture végétalisée, des panneaux photovoltaïques et un système d'éclairage intelligent qui lui permettent de réaliser des économies substantielles de gaz et d'électricité. "Notre objectif est d'être zéro carbone à l'horizon 2025".
Plus d'infos sur aquilia.fr
Chez les Etcheverry, la chaussure orthopédique est une affaire de famille. "C'est mon grand-père, Jean, qui s'est lancé le premier. Cordonnier à ses débuts, il a pris le virage médical de la chaussure orthopédique sur mesure en 1964. Il était alors le premier à exercer ce métier en Gironde. Nous sommes une dizaine aujourd'hui, mais la profession reste toute petite, avec 280 entreprises françaises recensées seulement" explique Romain Etcheverry, son petit-fils qui, depuis 2005, a pris la relève familiale.
Rapidement à l'étroit dans ses locaux bordelais, Jean Etcheverry déménage en 1985 à Pessac, dans la zone d'activés des Échoppes. "Avec mon père Dominique, ils fabriquaient alors 1 000 paires chaque année. C'était l'âge d'or de la chaussure sur mesure !". L'entreprise dispose de 250 m² de locaux, dont 90 m² d'atelier, le reste étant dévolu au stockage des quelques 4 000 formes en bois accumulées depuis le lancement de l'activité. "Pour chaque patient, le podo-orthésiste conçoit et réalise l'appareillage (chaussures ou semelles) qui lui permettra de marcher le plus normalement possible. Chaque forme est unique et correspond à une paire de chaussures d'un patient. Nous devons les conserver cinq ans, ainsi que les patronages, d'où un stock énorme !".
Envoyés sur prescription par un spécialiste, plus de 70 % des patients ont plus de 60 ans. "Avant, nous avions beaucoup de personnes présentant des séquelles de la polio. Aujourd'hui, nos patients sont des personnes accidentées ou victimes de déformations". Une fois la prise de mesures réalisée, le patient choisit un modèle sur catalogue. "On peut aussi réaliser des modèles sur la base de photos". Si la forme et le matériau retenus sont standards, la chaussure est entièrement fabriquée sur place. Sinon, une partie est sous-traitée à l'extérieur. "Certains modèles nécessitent des machines spécifiques, dont nous ne disposons pas dans notre atelier. Mais je dirais que 90 % de nos chaussures sont "made in Pessac", et toutes sont assemblées sur place".
L'entreprise compte cinq employés. "Les coûts de production étant toujours plus élevés, je pense que, d'ici quelques années, la production sera centralisée dans de grosses boîtes". Autre souci, la profession manque de visibilité. "Les médecins ont tendance à envoyer leurs patients en pharmacie plutôt que chez nous. Une manière d'y remédier serait d'ouvrir une maison paramédicale associant d'autres professionnels de santé du pied, avec lesquels nous pourrions travailler. Ce serait aussi un bon moyen de diversifier l'activité".
En attendant, Romain Etcheverry se passionne pour le numérique. "Notre profession n'a pas évolué pendant vingt ans, mais ça commence à bouger. Désormais, on réalise la prise de mesures avec un scanner numérique à trois dimensions et les semelles sont façonnées avec une fraiseuse numérique". Des appareils qui coûtent certes chers, mais qui permettent de travailler beaucoup plus vite.
Plus d'infos sur www.chaussures-etcheverry.fr
Issue du monde de la recherche, la société OliKrom conçoit, produit et commercialise des matériaux intelligents innovants à changement de couleur, utilisables dans de nombreux secteurs. "Dans l'industrie, le changement de couleur peut être un indicateur de dépassement d'un seuil de température ou aider à détecter un dysfonctionnement. Dans le secteur agroalimentaire, ce peut être un moyen de contrôler la chaîne du froid ou d'indiquer la bonne température de consommation d'un produit. Les marquages routiers à base de pigments intelligents peuvent aussi venir en aide aux collectivités locales pour sécuriser les zones peu ou mal éclairées, ou prendre le relais la nuit lorsque l'éclairage est coupé" explique Jean-François Létard, son président.
C'est d'ailleurs ce qui a été expérimenté à Pessac en 2018. "Nous avons sécurisé une piste cyclable avec un marquage luminescent qui reste visible la nuit pendant une dizaine d'heures. Il s'agissait là d'une première mondiale ! Près de 90 collectivités françaises l'utilisent aujourd'hui pour du cheminement piéton et de la sécurisation de pistes cyclables la nuit".
Créée en 2014 à l'issue de recherches dans un laboratoire CNRS/Université Bordeaux (ICMCB), OliKrom a d'abord été hébergée à ChemInnov sur le campus pessacais, avant de déménager en 2017 sur son site actuel. "Notre emplacement est idéal : nous sommes à proximité du campus aquitain, de la cité de la photonique et d'initiatives telles que l'OIM. Nous disposons de 1 700 m² dans lesquels nous avons installé notre siège social, notre centre de R&D et notre unité pilote de production".
La société, qui emploie une vingtaine de personnes aujourd'hui (+ 25 % de croissance en un an), envisage de doubler ses effectifs d'ici trois ou quatre ans. Cette année, elle va s'engager dans la certification "Origine France Garantie", dont l'obtention se fait sur deux critères : entre 50 % et 100 % du prix de revient unitaire de l'entreprise doit être français, et le produit doit prendre ses caractéristiques essentielles en France. "À l'heure où tout le monde proclame faire du "made in France", cette certification, délivrée par un cabinet extérieur, va nous permettre de garantir l'origine de nos produits sur les marchés internationaux, et notamment en Afrique, au Moyen-Orient et aux États-Unis, où le savoir-faire et l'excellence françaises sont reconnus" se réjouit Jean-François Létard.
Plus d'infos sur www.olikrom.com